De nos jours, de plus en plus de personnes pratiquent des sports de l’imaginaire comme le quidditch dans Harry Potter où les combats de sabre laser venus tout droit de la saga Star Wars. Cependant, à partir de tous ses univers, il est également possible de créer des jeux ludiques mêlant stratégie, opposition et cohésion d’équipe. C’est le cas du trollball.

Un sport ou un jeu ?

Inventé au cours des années 90 au Canada et en Angleterre, ce sport ludique est inspiré du jeu de plateau “Blood Bowl” basé dans un univers médiéval fantastique. Afin de mieux comprendre cette pratique, nous sommes allés interroger un spécialiste à ce sujet, Yann Dessenne, enseignant à la salle d’armes Jean Bart de Dunkerque. C’est un éducateur sabre laser pour la fédération d’escrime. Yann est aussi intervenant en escrime ludique pour du jeu de rôle grandeur nature (GN). Il pratique le trollball depuis 2013 et l’enseigne depuis 2018. D’après lui : “C’est un sport ludique, rigolo mais très physique, du coup les participants peuvent se dépenser énormément sans avoir la réelle impression de faire du sport.”

Ce qui fait la particularité du trollball selon lui, c’est : “la richesse des univers qui apportent une grande quantité d’armes différentes et de costumes”. En général dans l’escrime ludique, l’apprentissage passe par le jeu. 

Fixons les règles

On parle d’armes et d’univers mais il serait important de rappeler comment se joue le trollball. Et quoi de mieux que l’expert en la matière pour nous parler des règles : 

Le trollball est un jeu qui oppose deux équipes de 5 joueurs qu’on appelle des trollers sur un terrain de basket (15×30). Il existe différentes variantes. Nous dans le Nord, on joue à la flamande, avec un bouclier de chaque côté, et c’est en allant posé ce qu’on appelle la tête de troll (le ballon) dessus qu’on peut marquer un point. On peut jouer avec plein de formes différentes (tête de zombie, ballon de foot américain avec des piques, un gros dé…). Poser le ballon est la première façon de gagner une manche. Il y a une deuxième manière de gagner. Ce qu’il faut comprendre c’est que dès que l’on est touché, on se met au sol. Si toute l’équipe adverse est au sol, on dit que l’on gagne par décimation , qui équivaut à un point. C’est la règle qu’on utilise beaucoup, notamment quand on fait des tournois.

Il existe aussi différentes variantes comme la Normande. Dans ce cas de figure il y a une ligne d’essai. Dès qu’un joueur pose derrière la ligne d’essai adverse, l’équipe marque un point. Mais il y a aussi un puits, et si un troller jette la tête de troll dans le puits, ça fait 2 points. Il y a un intérêt stratégique. Dans la salle d’armes Jean Bart, ils ont mis au point une nouvelle variante appelée le basket troll. C’est du trollball avec un puits en plus et on a une zone à 3 points. L’adresse rentre en ligne de compte mais aussi la stratégie car si quelqu’un voit qu’en face ils vont marquer 3 pts, le joueur va avoir tendance à se sacrifier pour que les adversaires ne marquent qu’un seul point.

L’escrime ludique, dans quel but ?

Quand on pratique l’escrime ludique, le but c’est soit de faire des tournois d’opposition, soit des tournois de trollball et évidemment du jeu de rôle GN. Le fair play est essentiel car les participants vont compter le nombre de touches qu’ils reçoivent afin de déterminer leur point de vie. Si ce n’est pas respecté, c’est considéré comme de la triche. “Le fair play, c’est la colonne vertébrale de ces disciplines” pour Yann. 

C’est un sport ludique avant tout collectif. Il faut travailler ensemble pour arriver à remporter une manche. Voici ce qu’affirme Yann à ce sujet : “On construit les actions, les phases de jeu ensemble. Il y a vraiment cette notion de lecture du jeu. Il faut savoir anticiper où sont tes coéquipiers, où est la balle.” Un sport collectif mais où les individualités sont importantes pour marquer des points. 

Ce qu’aime par-dessus tout Yann dans le trollball, ce sont “les sensations épiques”. Voici quelques exemples : “Parfois tu vas prendre la balle et tout contourner en faisant parler ta vitesse, d’autres fois tu vas décimer toute l’équipe adverse. Et puis la sensation d’avoir une arme médiéval, japonaise, viking en main, c’est très fun. J’ai déjà vu des gens plonger pour atteindre le bouclier. Il y a une vraie montée d’adrénaline.

Il est arrivé dans le trollball et l’escrime ludique de part sa passion pour l’heroic-fantasy, la science fiction depuis son jeune âge : “J’étais fan de films comme  le Seigneur des anneaux, Willo, Conan Le Barbare, Star Wars”. De plus, il précise que l’escrime ludique complète parfaitement ce qu’il se fait en escrime traditionnelle. Sauf que là, le combat est plus immersif. 

Pour s’entraîner, afin d’acquérir un statut plus sérieux, à la salle d’armes Jean Bart, des katas sont mis en place pour une meilleure maîtrise des armes ainsi qu’un lexique adéquat pour chacun des mouvements. En voilà quelques exemples : une frappe en avers, en revers, un fendant, les brisé, les relevé. Tout ça c’est du vocabulaire qui vient de l’histoire qui a été adapté au goût du jour. 

Une petite répétition des katas pour les trollers

Pour des questions de sécurité, des règles sur les coups ont été fixées car en jeu de rôle GN, l’armure n’est pas obligatoire : “évidemment, c’est interdit de toucher à la tête. Quand on joue au trollball, si on touche la tête, c’est moi qui me mets au sol. Si quelqu’un frappe trop fort, on ne compte pas la touche non plus. On est là pour jouer ensemble avant tout.

Pour ce qui est des adhérents en trollball, la plupart ont déjà eu un contact avec les jeux de rôle GN. Mais depuis que la salle d’armes a ouvert ses portes à l’escrime ludique. Et ce, avec tout ce que ça comporte (le sérieux, les horaires, un lieu précis, un enseignement.). Cela permet d’avoir des gens de milieux qui n’ont rien à voir souhaitant juste se dépenser. Yann félicite la fédération française d’escrime (FFE) pour son ouverture d’esprit. Aussi, le fait que les ¾ , l’apprentissage passe par le jeu, ça permet que les gens s’amusent en se dépensant. 

Et pour un éducateur ?

Si vous êtes éducateur sportif en BPJEPS, voici quelques conseils de la part de Yann : “Je pense qu’en termes de pédagogie, on est vraiment sur du ludique à fond. Pour les enfants, attention. J’interviens depuis plusieurs années maintenant dans des centres de loisirs, des salons médiévaux, des salons geek. Et j’ai remarqué qu’en dessous de 7 ans, c’est compliqué. On reste sur un sport d’opposition. On peut faire du trollball avec un public enfant mais moi je ne fais pas combattre en dessous de 7 ans. À partir de 8, 9 ans, là les gamins on les emmène dans l’univers. Et puis nous aussi on est des grands enfants après tout.

Pour un éducateur BPJEPS, de toute façon, lui ne peut qu’enrichir cette pratique car il va amener sa pédagogie, sa patte. Et ça peut faire découvrir à l’éducateur  tout un univers, lui permettant d’ajouter des cordes à son arc. Les pratiques sont diverses et variées donc en termes de créativité, un éducateur peut s’éclater. Il y a des armes différentes, des pouvoirs différents…

Avant de commencer un match de trollball, d’après Yann, une légère préparation est importante : “il faut une petite prise en main de l’arme. Ça passe par savoir doser sa touche notamment. On les laisse apprendre ça autour de jeux rigolos où tu touches l’adversaire. Et ensuite on peut partir sur un match en expliquant bien les règles au préalable. Et au fur et à mesure on peut rajouter des règles, leur expliquer les capacités des spéciaux afin de rendre la partie plus fun.

Une des contraintes de cette pratique, c’est le matériel. Ce sont des armes d’opposition qui sont en même temps robustes et qui ne font pas mal. C’est assez spécifique. Donc si on veut remplacer les armes, on ne va pas jouer avec des bâtons de bois pour des raisons de sécurité. On peut éventuellement prendre des frites de piscine et les couper en deux, c’est faisable mais l’immersion est nettement moins présente. 

Le mieux à faire pour mettre en place une partie de trollball : “c’est de contacter des professionnels comme epic anim. Après dans certaines villes, ils ont investi dans un pack pour que les enfants puissent jouer au trollball. Si vous souhaitez nous contacter, ça se passe sur epicanim.fr ou par mail epicanim@gmail.com .“

Une discipline de niche mais gagne-t-elle en popularité ? 

C’est une discipline qui devient plus populaire. Quand j’ai commencé en 2013, il y avait quelques petits rassemblements pour jouer au trollball, aujourd’hui, tu vas à Téteghem, t’as des rassemblements d’une quarantaine de personnes qui font du trollball dans le parc, à la salle d’armes Jean Bart on est quotidiennement une quinzaine de participants, à la salle d’armes Vauban… Il y a plusieurs salles où il est possible d’en faire. Après, le côté ouverture avec la FFE qui amène un cadre, ça va nous permettre de mettre en place des tournois.

Depuis quelques années j’ai pu mettre en place des tournois plus conséquent sur des gros events. Là on va attirer pas mal de personnes, des néophytes souhaitant tester et d’autres qui pratiquent depuis longtemps et qui commencent à avoir un très bon niveau. Sinon j’ai déjà organisé un tournoi de trollball avec des équipes d’autres régions qui venaient. Dans certaines régions, ça y joue beaucoup comme la Bretagne, en Alsace, en Normandie. Cependant, y a encore plein de choses à faire.” 

Le mot de la fin de cette interview, c’est à Yann qu’on le laisse : 

“Je pense que dans le cadre du BJPEPS APT, il faut tester, s’ouvrir à toutes les pratiques. C’est un plus en terme de pédagogie. Tout est à faire. Dans le cadre du trollball, on peut faire du kata, de la chorégraphie, du développement musculaire, de la coordination. Ça apporte un tout pour une nouvelle discipline. Il y a le côté martial, le côté ludique, l’aspect convivial et évidemment le fair play”

Yann vous invite dans son univers à la salle Jean Bart de Dunkerque ! 

De son côté EDO a déjà testé le trollball, et c’était super ! Les magnifiques photos de Rachid en attestent !

Ils ont pas l’air heureux là ? 😎

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le trollball, rendez vous sur epicanim.fr

Sinon, vous pouvez également regarder notre précédent contenu disponible sur la communauté

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